Sous la plume de Servi’Plume #3

Bienvenue à toutes et tous pour ce troisième volet de Sous la plume de Servi’Plume ! Lorsque j’ai décidé de mettre en place cette nouvelle rubrique sur celles et ceux qui m’inspirent ou éveillent ma curiosité, j’ai tout de suite su que je demanderai un jour à mon mari de se prêter à l’exercice des trois questions. Et il a dit oui ! Une grande première pour moi : l’interview se passe dans la salle de bains alors que Rodolphe prend son bain. Il est 22 heures. Lorsque l’on a une vie bien remplie, il faut savoir optimiser son temps ! Bonnet de bain… OK. Tuba… OK. Palmes… OK. C’est parti pour une immersion dans l’univers de Rodolphe Fontaine, écrivain.

Rodolphe Fontaine, c’est qui ?

C’est la première fois que je me fais interviewer dans mon bain ! C’est parti ! Je m’appelle Rodolphe Fontaine, j’ai 44 ans et suis né dans la Drôme. De parents normands, j’habite en Normandie depuis près de trente ans, à Rouen depuis dix-huit ans. Juriste de formation, je n’ai jamais réellement exercé un métier en lien direct avec le droit. Étudiant, j’aspire à devenir le commissaire de police de mes polars préférés, mais je comprends que la réalité de terrain est bien différente du fantasme que je me fais de la profession à travers les œuvres de fiction. Je me retiens donc de passer le concours et me laisse guider par la vie qui me mène vers le social. Passionné de lecture depuis mon plus jeune âge, grâce aux bibliothèques rose et verte – Fantômette, Les trois jeunes détectives, Les six compagnons, etc. –  je vis en 1998 le plus gros choc de lecteur de ma vie en découvrant Monsieur Stephen King à travers Salem. C’est sûr et certain, je veux permettre à des lecteurs de ressentir ce que j’ai ressenti. Je veux écrire. Très à l’aise lors de la rédaction de mes dissertations et amateur de l’acte d’écriture, je m’attèle à la mise en mots de mon premier roman, Chassez le surnaturel, il revient au galop, qui restera inachevé. Mon entourage me fait comprendre qu’écrire n’est pas sérieux, que je dois me consacrer à mes études. Je me laisse convaincre et abandonne l’écriture pendant dix ans. En 2008, je suis confronté au drame de la fausse couche. C’est la première fois que je me retrouve face à une mort injuste. Cette épreuve va changer ma vie, dont le sens que je souhaite lui donner. Je décide de réaliser mes rêves et renoue avec l’écriture. Je suis alors délégué à la tutelle et ai très envie de casser les préjugés liés à ce métier entre autres véhiculés par la série Le Tuteur. J’écris alors un roman d’intrigues nommé Mortelle Tutelle qui rencontre son petit succès, notamment auprès des professionnels. Écrire me procure du plaisir, je réitère donc mon méfait en publiant mon second roman, Nostalgie quand tu nous tues, aux éditions Les 2 encres en 2012. Celui-ci met en scène Marius Korda, commandant de police à Rouen et son acolyte, Hippolyte Delyon, rentier et presque écrivain. Un corps sans vie retrouvé sous le pont Flaubert va conduire ce duo atypique, qui s’escarmouche à coups de citations, à faire un bond dans le passé et à enquêter sur leurs anciens camarades de classe. Je dis souvent que le genre policier est un prétexte pour aborder certains thèmes et raconter une histoire distrayante. C’est en tous les cas ce qui m’amuse. L’action se passe à Rouen car j’aime tout de cette ville que j’ai appris à découvrir, tant ses points positifs que ses points négatifs. J’aime y marcher, regarder les devantures, les commerces, les rues. Je m’y sens à ma place, j’en fais partie. C’était logique pour moi que l’action de Nostalgie se déroule à Rouen, ce n’était pas une volonté de faire du local, seulement l’envie de donner de la profondeur à mes personnages, de leur donner vie dans ma ville. Écrire était une mise en danger, situer l’intrigue à Rouen était rassurant. (Interruption de l’interview, notre fille pleure dans son lit, je vais la voir. « Je », Vanessa bien sûr, Rodolphe est dans l’eau si vous avez suivi ! Je lui fais un bisou sur la joue et reviens à l’interview.) C’est en 2022, soit dix ans après la sortie de mon deuxième roman, que j’ai autoédité la nouvelle aventure d’Hippolyte et Marius, Il n’est point de secrets que la mort ne révèle. L’action se déroule toujours en Normandie, dans une auberge fictive située près de Clères. C’est un huis clos hommage à la reine du crime que j’aime et que j’admire. Lorsque certains critiques me comparent à la reine Agatha ou à Exbrayat, oui, je suis touché. C’est toujours un honneur d’être positivement comparé à ses idoles et d’être reconnu dans son genre littéraire fétiche, bien que je lise de tout, œuvres fantastiques, contemporaines, bandes dessinées, mangas, biographies, documentaires, essais, etc.

Rodolphe Fontaine, qu’est-ce qui le fait vibrer ?

Je vais bien entendu répondre l’écriture en premier lieu. Plus qu’une passion, écrire m’est devenu nécessaire, au sens d’indispensable. Étant papa de six enfants, il m’est arrivé d’arrêter d’écrire pendant plusieurs mois… (Deuxième interruption, notre fille pleure encore dans son lit. Elle a mal au pied. Au petit orteil exactement. Bisou magique sur le petit orteil, bisou sur la joue et je reviens à l’interview. Ça va l’eau est encore bonne ? On en était où déjà ? Ah oui ! Quand tu n’écris pas…) Va falloir arrêter de vous lever comme ça Madame, ce sont des conditions d’interview intolérables ! Donc, quand je n’écris pas pendant longtemps, je me sens mal, comme engoncé dans un costume. Aujourd’hui, j’écris tous les jours, même lorsque je n’écris pas vraiment. Ce que je couche sur le papier ou que je tape au clavier est l’aboutissement de toute une démarche. J’écris en marchant, en lisant, en regardant un film, lorsque j’observe les gens assis à une terrasse de café. Tout m’inspire, un tableau, une expo, un style architectural. Plus qu’un acte créatif, c’est devenu une philosophie de vie. Mon cerveau écrit, il passe son temps à inventer des histoires. J’écris principalement le soir, parce que c’est le soir que les enfants dorment ! Je parviens parfois à avancer en journée sur mon ordinateur. Je fuis le silence, je n’écris que devant un film, une série ou en écoutant de la musique. Et si je ne me concentre pas sur ce qui passe à la télévision, il me la faut au moins en bruit de fond. J’écris lentement. J’ai récemment testé le dictaphone en me rendant à pied, en longeant les quais de Seine, à mon travail, que j’appellerai alimentaire. (Troisième interruption. Notre fille pleure toujours dans son lit. Elle a un peu mal, là, là, là et là. Je fais des bisous, lui explique que ça commence à bien faire, mais gentiment, et reviens à l’interview. Alors… ton vrai travail ! Oui, je fais exprès de dire ça, il le sait et je sais qu’il le sait.) Je suis cadre dans la fonction publique d’État. Depuis quatorze ans, je participe à la mise en œuvre de politiques publiques, d’abord dans le social puis dans la jeunesse et les sports. J’ai une vingtaine de minutes de marche pour m’y rendre et j’aime en profiter pour laisser libre cours à mon cerveau. Je n’ai pas de rituel d’écriture en particulier, je m’autorise à rester libre de ce côté-là. J’écris sans construire, et lorsque je sens que cela devient nécessaire, généralement à mi-parcours, je planifie, compte, classe, fais des tableaux Excel et étudie mon chapitrage. Mais au début, je laisse aller mon intuition et me fais surprendre avec autant de plaisir que j’en prends à tenter de surprendre le lecteur. (Quatrième interruption. Notre fille pleure encore et toujours dans son lit. Elle a soif. Elle a un biberon d’eau à sa disposition mais a apparemment besoin que je la regarde boire… Et elle a mal à l’oreille. Et au ventre. Et… Bon maintenant ça suffit ! Papa et maman travaillent ! Oui dans la salle de bains mais c’est quand même du travail ! Maintenant c’est dodo. Bisou. Je reviens à l’interview, nous passons au salon. Tu écris plutôt au clavier ou au stylo ?) Au clavier principalement Madame, car c’est très pratique. J’utilise le stylo et le papier quand l’acte d’écriture est plus compliqué ou quand mes idées vont plus vite que mes doigts ! Comme tout bon flic, je ne tape qu’avec deux doigts, donc plus lentement que ne filent mes pensées. Je suis plus à l’aise dans l’exercice du roman, mais mes idées se prêtent parfois plus au genre de la nouvelle. C’est pour cela que j’ai autoédité en 2015 un recueil de nouvelles intitulé Moments de Vies dont les ventes sont au profit de l’association Le S.E.D. Je me suis parfois forcé à faire quelques concours dont certains furent des échecs car j’ai beaucoup de mal à écrire sous la contrainte, mais c’est aussi un exercice abordable qui permet de se remettre en selle quand l’acte d’écriture devient plus difficile. (Fin des interruptions. Notre fille n’a plus mal nulle part, elle s’est enfin endormie. Mais les chats miaulent dans le couloir… devant la porte de chambre des enfants…) La lecture me fait toujours autant vibrer que lorsque j’étais jeune. Mon amour du polar est évident mais je m’ouvre de plus en plus à tout et j’adore ça. Lire est pour moi indissociable de l’acte d’écriture, c’est en lisant que j’ai appris à écrire. C’est très stimulant, lire me donne tout simplement envie d’écrire. Depuis quelques années j’étais très frustré, avec le travail, les enfants, je ne prenais plus le temps de lire. Alors cette année, inspiré par l’un de mes contacts sur Facebook, je me suis lancé un défi, commencer un nouveau livre chaque lundi. Et c’est fantastique ! J’ai terminé une vingtaine d’ouvrages depuis le mois de janvier. Je diversifie les genres et tout dans cette expérience me plait. Mes lectures nourrissent mon écriture autant que ma curiosité naturelle accrue. J’aime découvrir des événements, des parcours de vie, voyager à travers les livres. Cette expérience met pour moi en évidence que ce que l’on vit est le résultat de nos choix, hors contraintes classiques. On l’oublie parfois. Si je veux lire, c’est à moi de décider de m’octroyer un temps de lecture. J’ai notamment réduit mon temps sur les réseaux sociaux. Je ne les exclus pas de mon quotidien pour autant, mais je pose plus souvent mon téléphone au profit d’un bouquin. Nous pouvons je pense, si nous le souhaitons, nous libérer du temps. À nous de l’occuper comme nous le voulons. Astuce : lire quinze minutes par jour permet de terminer un livre en une semaine ou deux ! Nous avons beaucoup de livres à la maison (Oui, et jamais assez d’étagères !), je les achète plus vite que je ne les lis. Ça, c’est mon âme de collectionneur qui s’exprime ! Enfant, je collectionnais déjà les pin’s, les cartes de foot, de basket. Lorsque j’aime un auteur, il me faut tous ses livres. Depuis quelque temps maintenant j’achète beaucoup d’occasion, en revanche je revends peu, je ne me sépare que de ceux qui m’ont fortement déplu, ce qui est plutôt rare car je trouve toujours quelque chose d’intéressant dans un ouvrage. La musique est également très présente dans mon quotidien depuis toujours. La soul, le jazz, le gospel, la pop… Texas, The Cranberries, Queen, Sinatra, Samy Davis Junior… Mais également tout ce qu’écoutent mes enfants. C’est pour moi essentiel de rester connecté à eux, à leur monde. C’est ainsi que cette année je les ai emmenés à leur premier concert, lors de l’Armada : Black M ! Je leur fais également découvrir mes musiques à moi, celles que j’aime depuis peu, celles de ma jeunesse. J’adore ça ! On partage, ils se créent leur propre culture musicale, affinent leurs goûts… qu’ils aient 3 ou 14 ans ! En matière de cinéma, je suis omnivore – comédie, science-fiction, thriller, action, etc. – malgré une préférence pour le cinéma d’horreur mise à mal depuis quelques années. Je suis en effet de plus en plus rarement surpris. X-Files est ma série préférée de tous les temps. Je l’ai regardée alors que je sortais de l’adolescence, et, outre le fait que j’étais amoureux de Scully, j’étais déjà passionné par le surnaturel et la mythologie. C’était pour moi la série idéale. Je réalise à l’instant à quel point mon attrait pour l’aspect mythologique des choses a impacté mes goûts cinématographiques : X-Files, Le Seigneur des anneaux, Star Wars… Je ne peux parler de vibrations sans évoquer le sport. Il provoque des émotions incroyables, nous fait nous sentir vivants ! À vrai dire, ce que je cherche dans tout ce que je fais, tout ce que je lis, tout ce que je regarde, tout ce que j’écoute… ce sont les émotions ! Après avoir foulé le tatami pendant quelques années, je me suis engagé dans le basket-ball pendant près de quinze ans. J’ai toujours aimé les valeurs véhiculées par le sport, surtout lorsqu’il est collectif. Avec mes coéquipiers, qui étaient aussi des gars en or et des copains, nous avons gagné la coupe de l’Eure. Ce n’était pas un énorme titre, cela restait au niveau départemental, mais je peux vous affirmer qu’à la fin du dernier quart-temps et lorsque nous avons soulevé la coupe, nous étions émotionnellement aussi portés que si nous avions été sacrés champions du monde ! La joie était décuplée car partagée. Cela restera un merveilleux souvenir pour le jeune homme que j’étais, qui passait des heures à regarder jouer les Magic Johnson – mon joueur préféré – et les Mickaël Jordan lors de matchs que j’enregistrais sur Canal + ou sur des vidéos que je commandais aux États-Unis. Qui dit vibrations, dit Amour. Ce qui me fait vibrer ? La réussite des gens que j’aime. Les voir échouer ou réussir me touche et je fais toujours mon possible pour les aider. En revanche ils sont mon cocon au sein duquel il reste très peu de place pour d’autres personnes. Je suis sociable, j’aime échanger, partager, découvrir les autres, mais je passe rarement le cap de l’amitié. Enfin, impossible de parler de vibrations sans évoquer l’OM, le club de mon enfance, le seul en France capable de faire vibrer autant, parfois à la limite de la folie mais avec cette ferveur liée au sud. Un club d’émotions que je supporte dans les bons comme dans les mauvais moments. En résumé, je suis un épicurien qui se nourrit tant de bonne nourriture que de belles émotions.

Rodolphe Fontaine, c’est quoi son actu ?

Tout d’abord, la sortie de mon dernier roman, Il n’est point de secrets que la mort ne révèle. Marius et Hippolyte vivent de nouvelles aventures entre les mains de leurs lecteurs depuis le mois de novembre 2022 et c’est un vrai bonheur. Des dédicaces ont déjà eu lieu, d’autres sont à venir, ainsi que des salons. Quelques articles et interviews sont également déjà sortis, dans les journaux, à la radio ou sur Internet. Mes livres, Nostalgie quand tu nous tues, Moments de vie et Il n’est point de secrets que la mort ne révèle sont disponibles sur le site TheBookEdition, sur toutes les plateformes marchandes et peuvent être commandés en librairie. Pour une dédicace, ne pas hésiter à me contacter directement ou à venir me voir lors des prochaines dates ! Vous trouverez toutes les infos sur mes réseaux sociaux, Rodolphe Fontaine, sur Insta et Facebook. Mon actu, c’est aussi l’écriture de scénarios de soirées enquêtes pour l’association rouennaise Still Kiddin. Six soirées ont été créées en deux ans et une nouvelle est en cours de rédaction. De nouveaux projets et de nouvelles dates arrivent ! Je vais également animer un atelier d’écriture en collaboration avec deux institutrices au sein d’une école primaire. Au programme : l’écriture d’une nouvelle collective. J’aime toutes ces expériences que me permet de vivre l’écriture, cela me rend heureux. Et comme la joie se partage, n’hésitez pas à venir me voir en dédicaces ou sur les réseaux, je me ferai un plaisir de papoter avec vous ! Enfin, deux romans sont en cours d’écriture. L’un d’eux est déjà bien avancé – j’ai beaucoup écrit lors du premier confinement – et met en scène un détective privé à la recherche d’une femme qui nous entrainera en Grèce et en Tunisie. J’ai commencé à écrire l’autre il y a quelques semaines. Il sera d’un genre tout à fait différent et traitera d’un sujet qui me passionne, les secrets de famille. Ce ne sera pas un roman policier mais… une enquête est si vite arrivée !

L'écrivain Rodolphe Fontaine en séance de dédicaces lors du mois du polar. Il présente ces deux derniers romans.
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