Sous la plume de Servi’Plume #4

C’est au sein de mon coworking (NOW, basé à Rouen) que j’ai un jour croisé la route de Bérangère Plumey, détective privée. Je dois bien avouer qu’à l’annonce de ce métier, chargé de représentations, ont tout de suite résonné dans ma tête les premières notes du générique de Mike Hammer ! Pourtant, comme le précise Bérangère, pas d’imperméable en vue ni de journaux à trous, mais une profession très réglementée, en lien constant avec le droit. Alors on repousse le stéréotype du cigare fumant ou de la pipe (en plus c’est mauvais pour la santé !) et on mène l’enquête sur la réalité du métier…

Bérangère Plumey, c’est qui ?

Je suis une quarantenaire, maman de deux enfants qui a repris ses études à l’âge de quarante-cinq ans. Après vingt ans de salariat dans les ressources humaines en Île-de-France, et des soucis de santé qui m’ont amenée à me demander quels étaient, fut un temps, mes rêves, j’ai entrepris ma reconversion. Ayant rencontré une détective privée plusieurs années auparavant, j’ai découvert un métier qui m’a subjuguée. Le moment venu, je me suis renseignée et ai appris qu’il existait deux écoles privées, l’une à Paris, l’autre à Montpellier, ainsi que deux licences universitaires, une à Melun, l’autre à Nîmes, accessibles avec un Bac+2. Après avoir dévoré le livre Les détectives privés pour les nuls (tant utile aux futur·e·s détectives qu’à celles ou ceux qui souhaitent faire appel à leurs services) co-écrit par le directeur de l’école privée de Paris, j’ai décidé d’intégrer cette dernière. Mon arrivée à Rouen est un choix familial, nous sommes tombés amoureux de cette merveilleuse ville où le moindre café en terrasse devant les maisons à pans de bois me souffle un air de vacances. C’est donc après une formation d’un an faite de cours (droit, photographie, terrain) et de deux stages, que j’ai pu m’établir en tant que détective privée. Ce n’est pas une profession si éloignée des ressources humaines, je leur trouve notamment en points communs la mission d’aide, qui fait partie de ma personnalité, et le recours au droit que j’aime beaucoup. Si être formé n’est obligatoire que depuis 2003, c’est bel et bien aujourd’hui le cadre juridique qui régit la profession. Nous dépendons d’un organisme placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. Lors d’une enquête, nous devons savoir quelles preuves nous avons le droit d’apporter, de quelle façon nous avons le droit de les obtenir, combien de fois nous devons les obtenir pour qu’elles soient recevables. Le domaine du droit étant en lien étroit avec l’humain, et donc en perpétuel mouvement, nous nous devons d’effectuer une veille juridique afin d’être informé·e·s des jurisprudences. J’aime à dire que c’est un métier d’équilibriste : j’oscille constamment entre prouver et respecter la vie privée de la personne concernée par l’enquête. Le risque ? Dépasser le cadre légal et voir mon travail rejeté par un juge. Ceci serait très fâcheux, tant pour ma réputation que pour l’ensemble de la profession. Ainsi, une règle d’or : respecter la loi. Prouver, oui. Par n’importe quel moyen, non. La profession, tout de même atypique, attire la curiosité et est l’objet de nombreuses représentations. Mon quotidien ne ressemble pourtant pas à celui d’un détective illustré par les séries des années 70 et 80. Mais il a une réalité : je n’ai ni horaires ni jours fériés. Je travaille selon les besoins d’une enquête. Font appel à moi : 1) les entreprises : dans le cadre d’une concurrence déloyale, de la recherche de débiteurs, d’enquête de préembauche ou de préassociation, en cas de suspicion de contrefaçon, en cas de vol répété, de harcèlement, etc. ; 2) les collectivités : dans le cadre de la vérification des agissements d’un agent, de dégradation de mobilier urbain, de vol répété, etc. ; 3) les assurances, les administrations : dans le cadre d’une suspicion de fraude au sinistre par exemple ; 4) les particuliers : dans le cadre d’un adultère (généralement la première mission à laquelle on pense lorsqu’on entend « détective privé » alors qu’elle ne représente que 20% de notre travail), en cas de recherche d’une personne disparue, etc. Toute enquête commence aujourd’hui par des recherches sur Internet (les réseaux sont une mine d’or !), puis se décline via de la surveillance, de la filature, des enquêtes de voisinage ou des auditions de témoins desquels nous tentons d’obtenir des attestations écrites recevables devant le juge. L’écrit domine. Certes, je prends des photos, mais ce que la justice retient sont mes comptes-rendus. Tout ce travail me permet d’obtenir des faisceaux d’indices qui finiront, après des heures de recherche, par devenir des preuves… dans le meilleur des cas.

Bérangère Plumey, qu’est-ce qui la fait vibrer ?

Si je pense à mon métier, ce qui me vient en premier c’est l’envie d’aider. C’est déjà ce qui m’animait dans les ressources humaines et c’est ce pour quoi, aujourd’hui, je peux passer dix heures à regarder une porte si nécessaire. C’est encore une fois un métier d’équilibriste. Il y a mon envie d’aider, l’incertitude de trouver, puis dans le cas où je ne trouve pas : savoir quand je dois m’arrêter, mon obligation de moyens, ma non-obligation de résultat, mon empathie qui me permet de comprendre la demande, mon positionnement qui m’oblige à gérer les émotions… On oscille constamment entre différentes données. J’aime l’adrénaline que me procure ma profession. Enquêter, chercher, trouver. Lorsque je trouve, quel soulagement ! J’ai accompli ma mission. Mais ce que j’ai trouvé, tout comme ce que je n’ai pas trouvé, n’est pas toujours simple à annoncer. Dans le cadre d’une recherche de personne disparue, je préviens immédiatement mon client ou ma cliente que je peux ne pas retrouver la personne, ou la retrouver mais qu’elle ne veuille pas être vue, ou la retrouver et qu’elle ne veuille pas que ça se sache. Ainsi, si je retrouve quelqu’un qui ne veut pas l’être, je suis dans l’obligation de respecter son choix et d’annoncer à la personne qui m’a engagée que je ne peux poursuivre les recherches. Le droit, avec lequel je suis en lien permanent me plait énormément ! Évoluer dans un cadre légal, aider contre l’injustice, me tenir informée des jurisprudences, travailler la stratégie avec les avocats, œuvrer avec un huissier de justice… j’adore ça ! Si j’aime la solitude que je trouve dans ce métier – en passant des heures à chercher sur Internet, en surveillance, en filature – je suis néanmoins entourée, encadrée. La CNAPS, Conseil National des Activités Privées de Sécurité, vérifie la légalité de nos missions et des moyens que nous employons. Je n’ai pas le droit, par exemple, de poser des balises sur un véhicule, de prendre des photos d’un lieu privé, d’enquêter sur une personne disparue si la police n’a pas déjà enquêté et classé l’affaire, etc. Un cadre très précis qui nous éloigne encore un peu plus des détectives de séries. Le CNAPS (qui nous délivre notre carte pro depuis 2012) nous permet donc de ne pas évoluer seul·e·s. Je collabore également avec certain·e·s collègues rencontré·e·s lors de ma formation, dans les associations d’anciens élèves. Ce sont des hommes et des femmes (50% dans ma promotion) de tous âges (de 20 à 60 ans lors de mon année de formation) qui peuvent par exemple prendre le relai pour une filature qui quitte mon territoire et s’étend sur les leurs. Huit-cents détectives privé·e·s recouvrent le pays. J’ai également adhéré au syndicat qui assure les fonctions d’information et de soutien. Je vibre aussi pour la notion de terrain. Bien sûr, cela est possible de par la disponibilité de mon entourage familial. C’est une des conditions pour exercer ce métier hyper chronophage, chargé d’imprévus. Ma personnalité avide de changement et moi-même sommes servies ! J’aime ma liberté et le fait de ne pas savoir à l’avance comment va se dérouler ma journée. Que vais-je voir ? Où vais-je aller ? Cela créé quelques anecdotes – comme lorsque j’invite mon frère chez moi pour son anniversaire et que toute la famille le fête sans moi à cause d’une enquête – mais ce qui peut passer pour des inconvénients aux yeux de certain·e·s est pour moi très excitant. Bien sûr, mener l’enquête – ce qui insinue évoluer dans la complexité du droit et l’hyper réglementation, chargée en adrénaline en poussant très loin ma réflexion – me fait vibrer, autant que la surveillance et la filature. Si nous apprenons à éviter les situations dangereuses – nous devons repérer les lieux et nous fondre dans le décor – nous apprenons aussi à partir lorsque nous sentons un danger approcher ou à avoir une histoire à raconter si nous sommes repéré·e·s. Je suis avant tout très bien entourée par mes proches qui rendent tout ceci possible. Je vibre également pour les moments de partage avec eux, avec mes amis. J’aime danser, faire la fête, rire. J’adore le sport, le triathlon, surtout la natation et la course à pied, et me suis lancé le challenge de courir un marathon pour mes cinquante ans.

Bérangère Plumey, c’est quoi son actu ?

C’est le déménagement du siège social de mon entreprise ADICIE à Mont-Saint-Aignan, de la prospection et la reprise des enquêtes après un mois d’août calme qui m’a permis de ralentir un peu le rythme.

Vous trouverez tous les renseignements nécessaires sur mon site adicie.fr. Je ne reçois que sur rendez-vous. Vous pouvez me contacter au 06.50.25.70.29 ou sur les réseaux sociaux.

Sous la plume de Servi’Plume #3

Bienvenue à toutes et tous pour ce troisième volet de Sous la plume de Servi’Plume ! Lorsque j’ai décidé de mettre en place cette nouvelle rubrique sur celles et ceux qui m’inspirent ou éveillent ma curiosité, j’ai tout de suite su que je demanderai un jour à mon mari de se prêter à l’exercice des trois questions. Et il a dit oui ! Une grande première pour moi : l’interview se passe dans la salle de bains alors que Rodolphe prend son bain. Il est 22 heures. Lorsque l’on a une vie bien remplie, il faut savoir optimiser son temps ! Bonnet de bain… OK. Tuba… OK. Palmes… OK. C’est parti pour une immersion dans l’univers de Rodolphe Fontaine, écrivain.

Rodolphe Fontaine, c’est qui ?

C’est la première fois que je me fais interviewer dans mon bain ! C’est parti ! Je m’appelle Rodolphe Fontaine, j’ai 44 ans et suis né dans la Drôme. De parents normands, j’habite en Normandie depuis près de trente ans, à Rouen depuis dix-huit ans. Juriste de formation, je n’ai jamais réellement exercé un métier en lien direct avec le droit. Étudiant, j’aspire à devenir le commissaire de police de mes polars préférés, mais je comprends que la réalité de terrain est bien différente du fantasme que je me fais de la profession à travers les œuvres de fiction. Je me retiens donc de passer le concours et me laisse guider par la vie qui me mène vers le social. Passionné de lecture depuis mon plus jeune âge, grâce aux bibliothèques rose et verte – Fantômette, Les trois jeunes détectives, Les six compagnons, etc. –  je vis en 1998 le plus gros choc de lecteur de ma vie en découvrant Monsieur Stephen King à travers Salem. C’est sûr et certain, je veux permettre à des lecteurs de ressentir ce que j’ai ressenti. Je veux écrire. Très à l’aise lors de la rédaction de mes dissertations et amateur de l’acte d’écriture, je m’attèle à la mise en mots de mon premier roman, Chassez le surnaturel, il revient au galop, qui restera inachevé. Mon entourage me fait comprendre qu’écrire n’est pas sérieux, que je dois me consacrer à mes études. Je me laisse convaincre et abandonne l’écriture pendant dix ans. En 2008, je suis confronté au drame de la fausse couche. C’est la première fois que je me retrouve face à une mort injuste. Cette épreuve va changer ma vie, dont le sens que je souhaite lui donner. Je décide de réaliser mes rêves et renoue avec l’écriture. Je suis alors délégué à la tutelle et ai très envie de casser les préjugés liés à ce métier entre autres véhiculés par la série Le Tuteur. J’écris alors un roman d’intrigues nommé Mortelle Tutelle qui rencontre son petit succès, notamment auprès des professionnels. Écrire me procure du plaisir, je réitère donc mon méfait en publiant mon second roman, Nostalgie quand tu nous tues, aux éditions Les 2 encres en 2012. Celui-ci met en scène Marius Korda, commandant de police à Rouen et son acolyte, Hippolyte Delyon, rentier et presque écrivain. Un corps sans vie retrouvé sous le pont Flaubert va conduire ce duo atypique, qui s’escarmouche à coups de citations, à faire un bond dans le passé et à enquêter sur leurs anciens camarades de classe. Je dis souvent que le genre policier est un prétexte pour aborder certains thèmes et raconter une histoire distrayante. C’est en tous les cas ce qui m’amuse. L’action se passe à Rouen car j’aime tout de cette ville que j’ai appris à découvrir, tant ses points positifs que ses points négatifs. J’aime y marcher, regarder les devantures, les commerces, les rues. Je m’y sens à ma place, j’en fais partie. C’était logique pour moi que l’action de Nostalgie se déroule à Rouen, ce n’était pas une volonté de faire du local, seulement l’envie de donner de la profondeur à mes personnages, de leur donner vie dans ma ville. Écrire était une mise en danger, situer l’intrigue à Rouen était rassurant. (Interruption de l’interview, notre fille pleure dans son lit, je vais la voir. « Je », Vanessa bien sûr, Rodolphe est dans l’eau si vous avez suivi ! Je lui fais un bisou sur la joue et reviens à l’interview.) C’est en 2022, soit dix ans après la sortie de mon deuxième roman, que j’ai autoédité la nouvelle aventure d’Hippolyte et Marius, Il n’est point de secrets que la mort ne révèle. L’action se déroule toujours en Normandie, dans une auberge fictive située près de Clères. C’est un huis clos hommage à la reine du crime que j’aime et que j’admire. Lorsque certains critiques me comparent à la reine Agatha ou à Exbrayat, oui, je suis touché. C’est toujours un honneur d’être positivement comparé à ses idoles et d’être reconnu dans son genre littéraire fétiche, bien que je lise de tout, œuvres fantastiques, contemporaines, bandes dessinées, mangas, biographies, documentaires, essais, etc.

Rodolphe Fontaine, qu’est-ce qui le fait vibrer ?

Je vais bien entendu répondre l’écriture en premier lieu. Plus qu’une passion, écrire m’est devenu nécessaire, au sens d’indispensable. Étant papa de six enfants, il m’est arrivé d’arrêter d’écrire pendant plusieurs mois… (Deuxième interruption, notre fille pleure encore dans son lit. Elle a mal au pied. Au petit orteil exactement. Bisou magique sur le petit orteil, bisou sur la joue et je reviens à l’interview. Ça va l’eau est encore bonne ? On en était où déjà ? Ah oui ! Quand tu n’écris pas…) Va falloir arrêter de vous lever comme ça Madame, ce sont des conditions d’interview intolérables ! Donc, quand je n’écris pas pendant longtemps, je me sens mal, comme engoncé dans un costume. Aujourd’hui, j’écris tous les jours, même lorsque je n’écris pas vraiment. Ce que je couche sur le papier ou que je tape au clavier est l’aboutissement de toute une démarche. J’écris en marchant, en lisant, en regardant un film, lorsque j’observe les gens assis à une terrasse de café. Tout m’inspire, un tableau, une expo, un style architectural. Plus qu’un acte créatif, c’est devenu une philosophie de vie. Mon cerveau écrit, il passe son temps à inventer des histoires. J’écris principalement le soir, parce que c’est le soir que les enfants dorment ! Je parviens parfois à avancer en journée sur mon ordinateur. Je fuis le silence, je n’écris que devant un film, une série ou en écoutant de la musique. Et si je ne me concentre pas sur ce qui passe à la télévision, il me la faut au moins en bruit de fond. J’écris lentement. J’ai récemment testé le dictaphone en me rendant à pied, en longeant les quais de Seine, à mon travail, que j’appellerai alimentaire. (Troisième interruption. Notre fille pleure toujours dans son lit. Elle a un peu mal, là, là, là et là. Je fais des bisous, lui explique que ça commence à bien faire, mais gentiment, et reviens à l’interview. Alors… ton vrai travail ! Oui, je fais exprès de dire ça, il le sait et je sais qu’il le sait.) Je suis cadre dans la fonction publique d’État. Depuis quatorze ans, je participe à la mise en œuvre de politiques publiques, d’abord dans le social puis dans la jeunesse et les sports. J’ai une vingtaine de minutes de marche pour m’y rendre et j’aime en profiter pour laisser libre cours à mon cerveau. Je n’ai pas de rituel d’écriture en particulier, je m’autorise à rester libre de ce côté-là. J’écris sans construire, et lorsque je sens que cela devient nécessaire, généralement à mi-parcours, je planifie, compte, classe, fais des tableaux Excel et étudie mon chapitrage. Mais au début, je laisse aller mon intuition et me fais surprendre avec autant de plaisir que j’en prends à tenter de surprendre le lecteur. (Quatrième interruption. Notre fille pleure encore et toujours dans son lit. Elle a soif. Elle a un biberon d’eau à sa disposition mais a apparemment besoin que je la regarde boire… Et elle a mal à l’oreille. Et au ventre. Et… Bon maintenant ça suffit ! Papa et maman travaillent ! Oui dans la salle de bains mais c’est quand même du travail ! Maintenant c’est dodo. Bisou. Je reviens à l’interview, nous passons au salon. Tu écris plutôt au clavier ou au stylo ?) Au clavier principalement Madame, car c’est très pratique. J’utilise le stylo et le papier quand l’acte d’écriture est plus compliqué ou quand mes idées vont plus vite que mes doigts ! Comme tout bon flic, je ne tape qu’avec deux doigts, donc plus lentement que ne filent mes pensées. Je suis plus à l’aise dans l’exercice du roman, mais mes idées se prêtent parfois plus au genre de la nouvelle. C’est pour cela que j’ai autoédité en 2015 un recueil de nouvelles intitulé Moments de Vies dont les ventes sont au profit de l’association Le S.E.D. Je me suis parfois forcé à faire quelques concours dont certains furent des échecs car j’ai beaucoup de mal à écrire sous la contrainte, mais c’est aussi un exercice abordable qui permet de se remettre en selle quand l’acte d’écriture devient plus difficile. (Fin des interruptions. Notre fille n’a plus mal nulle part, elle s’est enfin endormie. Mais les chats miaulent dans le couloir… devant la porte de chambre des enfants…) La lecture me fait toujours autant vibrer que lorsque j’étais jeune. Mon amour du polar est évident mais je m’ouvre de plus en plus à tout et j’adore ça. Lire est pour moi indissociable de l’acte d’écriture, c’est en lisant que j’ai appris à écrire. C’est très stimulant, lire me donne tout simplement envie d’écrire. Depuis quelques années j’étais très frustré, avec le travail, les enfants, je ne prenais plus le temps de lire. Alors cette année, inspiré par l’un de mes contacts sur Facebook, je me suis lancé un défi, commencer un nouveau livre chaque lundi. Et c’est fantastique ! J’ai terminé une vingtaine d’ouvrages depuis le mois de janvier. Je diversifie les genres et tout dans cette expérience me plait. Mes lectures nourrissent mon écriture autant que ma curiosité naturelle accrue. J’aime découvrir des événements, des parcours de vie, voyager à travers les livres. Cette expérience met pour moi en évidence que ce que l’on vit est le résultat de nos choix, hors contraintes classiques. On l’oublie parfois. Si je veux lire, c’est à moi de décider de m’octroyer un temps de lecture. J’ai notamment réduit mon temps sur les réseaux sociaux. Je ne les exclus pas de mon quotidien pour autant, mais je pose plus souvent mon téléphone au profit d’un bouquin. Nous pouvons je pense, si nous le souhaitons, nous libérer du temps. À nous de l’occuper comme nous le voulons. Astuce : lire quinze minutes par jour permet de terminer un livre en une semaine ou deux ! Nous avons beaucoup de livres à la maison (Oui, et jamais assez d’étagères !), je les achète plus vite que je ne les lis. Ça, c’est mon âme de collectionneur qui s’exprime ! Enfant, je collectionnais déjà les pin’s, les cartes de foot, de basket. Lorsque j’aime un auteur, il me faut tous ses livres. Depuis quelque temps maintenant j’achète beaucoup d’occasion, en revanche je revends peu, je ne me sépare que de ceux qui m’ont fortement déplu, ce qui est plutôt rare car je trouve toujours quelque chose d’intéressant dans un ouvrage. La musique est également très présente dans mon quotidien depuis toujours. La soul, le jazz, le gospel, la pop… Texas, The Cranberries, Queen, Sinatra, Samy Davis Junior… Mais également tout ce qu’écoutent mes enfants. C’est pour moi essentiel de rester connecté à eux, à leur monde. C’est ainsi que cette année je les ai emmenés à leur premier concert, lors de l’Armada : Black M ! Je leur fais également découvrir mes musiques à moi, celles que j’aime depuis peu, celles de ma jeunesse. J’adore ça ! On partage, ils se créent leur propre culture musicale, affinent leurs goûts… qu’ils aient 3 ou 14 ans ! En matière de cinéma, je suis omnivore – comédie, science-fiction, thriller, action, etc. – malgré une préférence pour le cinéma d’horreur mise à mal depuis quelques années. Je suis en effet de plus en plus rarement surpris. X-Files est ma série préférée de tous les temps. Je l’ai regardée alors que je sortais de l’adolescence, et, outre le fait que j’étais amoureux de Scully, j’étais déjà passionné par le surnaturel et la mythologie. C’était pour moi la série idéale. Je réalise à l’instant à quel point mon attrait pour l’aspect mythologique des choses a impacté mes goûts cinématographiques : X-Files, Le Seigneur des anneaux, Star Wars… Je ne peux parler de vibrations sans évoquer le sport. Il provoque des émotions incroyables, nous fait nous sentir vivants ! À vrai dire, ce que je cherche dans tout ce que je fais, tout ce que je lis, tout ce que je regarde, tout ce que j’écoute… ce sont les émotions ! Après avoir foulé le tatami pendant quelques années, je me suis engagé dans le basket-ball pendant près de quinze ans. J’ai toujours aimé les valeurs véhiculées par le sport, surtout lorsqu’il est collectif. Avec mes coéquipiers, qui étaient aussi des gars en or et des copains, nous avons gagné la coupe de l’Eure. Ce n’était pas un énorme titre, cela restait au niveau départemental, mais je peux vous affirmer qu’à la fin du dernier quart-temps et lorsque nous avons soulevé la coupe, nous étions émotionnellement aussi portés que si nous avions été sacrés champions du monde ! La joie était décuplée car partagée. Cela restera un merveilleux souvenir pour le jeune homme que j’étais, qui passait des heures à regarder jouer les Magic Johnson – mon joueur préféré – et les Mickaël Jordan lors de matchs que j’enregistrais sur Canal + ou sur des vidéos que je commandais aux États-Unis. Qui dit vibrations, dit Amour. Ce qui me fait vibrer ? La réussite des gens que j’aime. Les voir échouer ou réussir me touche et je fais toujours mon possible pour les aider. En revanche ils sont mon cocon au sein duquel il reste très peu de place pour d’autres personnes. Je suis sociable, j’aime échanger, partager, découvrir les autres, mais je passe rarement le cap de l’amitié. Enfin, impossible de parler de vibrations sans évoquer l’OM, le club de mon enfance, le seul en France capable de faire vibrer autant, parfois à la limite de la folie mais avec cette ferveur liée au sud. Un club d’émotions que je supporte dans les bons comme dans les mauvais moments. En résumé, je suis un épicurien qui se nourrit tant de bonne nourriture que de belles émotions.

Rodolphe Fontaine, c’est quoi son actu ?

Tout d’abord, la sortie de mon dernier roman, Il n’est point de secrets que la mort ne révèle. Marius et Hippolyte vivent de nouvelles aventures entre les mains de leurs lecteurs depuis le mois de novembre 2022 et c’est un vrai bonheur. Des dédicaces ont déjà eu lieu, d’autres sont à venir, ainsi que des salons. Quelques articles et interviews sont également déjà sortis, dans les journaux, à la radio ou sur Internet. Mes livres, Nostalgie quand tu nous tues, Moments de vie et Il n’est point de secrets que la mort ne révèle sont disponibles sur le site TheBookEdition, sur toutes les plateformes marchandes et peuvent être commandés en librairie. Pour une dédicace, ne pas hésiter à me contacter directement ou à venir me voir lors des prochaines dates ! Vous trouverez toutes les infos sur mes réseaux sociaux, Rodolphe Fontaine, sur Insta et Facebook. Mon actu, c’est aussi l’écriture de scénarios de soirées enquêtes pour l’association rouennaise Still Kiddin. Six soirées ont été créées en deux ans et une nouvelle est en cours de rédaction. De nouveaux projets et de nouvelles dates arrivent ! Je vais également animer un atelier d’écriture en collaboration avec deux institutrices au sein d’une école primaire. Au programme : l’écriture d’une nouvelle collective. J’aime toutes ces expériences que me permet de vivre l’écriture, cela me rend heureux. Et comme la joie se partage, n’hésitez pas à venir me voir en dédicaces ou sur les réseaux, je me ferai un plaisir de papoter avec vous ! Enfin, deux romans sont en cours d’écriture. L’un d’eux est déjà bien avancé – j’ai beaucoup écrit lors du premier confinement – et met en scène un détective privé à la recherche d’une femme qui nous entrainera en Grèce et en Tunisie. J’ai commencé à écrire l’autre il y a quelques semaines. Il sera d’un genre tout à fait différent et traitera d’un sujet qui me passionne, les secrets de famille. Ce ne sera pas un roman policier mais… une enquête est si vite arrivée !

L'écrivain Rodolphe Fontaine en séance de dédicaces lors du mois du polar. Il présente ces deux derniers romans.

Sous la plume de Servi’Plume #2

On se retrouve aujourd’hui pour le deuxième article de cette nouvelle rubrique au sein de laquelle je vous invite à découvrir des personnalités qui éveillent ma curiosité ou m’inspirent ! J’ai eu la joie d’interviewer Mathilde, créatrice de la marque Graine d’Apache qui nous en dit plus sur son univers, ses valeurs, sa créativité. On prend son arc et son carquois et c’est parti pour une immersion au milieu des motifs colorés sélectionnés avec amour par Grande Cheffe Mathilde !

Mathilde, la créatrice de Graine d'Apache, devant ses créations, des sarouels pour bébés et jeunes enfants

Graine d’Apache, c’est qui ?

Je m’appelle Mathilde, j’ai 38 ans et je suis la maman d’un petit petit garçon de six ans et demi. Lors de mes études, je me suis tout d’abord dirigée vers une Licence de Lettres modernes avec l’idée de travailler dans le domaine de l’édition, plus précisément dans celui de la littérature jeunesse. Le manque de débouché et les tribulations de la vie m’ont amenée à passer mon CAP Petite Enfance puis à devenir éducatrice spécialisée en centre parental d’hébergement d’urgence. Si j’ai beaucoup aimé travailler aux côtés de mamans en difficulté sociale et de petits bouts pour qui la vie ne démarrait pas forcément de la plus simple des façons, j’ai souhaité, après la naissance de mon fils, continuer à défendre les valeurs qui m’avaient conduite à ce métier de façon plus indépendante et créative, tout en ne passant pas à côté des premières années de vie de mon petit Apache à moi. N’ayant auparavant jamais fait de couture, j’ai commencé, de manière autodidacte, à coudre les vêtements que je souhaitais pour mon fils, mais que je ne trouvais nulle part. C’est ainsi que naquirent les premiers sarouels, les premiers bandanas. Retrouvant le plaisir que j’avais pris, par exemple, en créant des bijoux en plumes, j’ai rapidement compris que la confection de vêtements pour enfants allait devenir ma principale activité. C’est avec beaucoup de joie que j’ai renoué avec ma passion pour les illustrations jeunesse qui m’avait conduite en parcours édition quelques années auparavant et que j’ai commencé à créer Graine d’Apache, son univers, ses valeurs, tout en acquérant, à force de travail, le savoir-faire nécessaire pour proposer une première collection. Le nom de Graine d’Apache s’est imposé à moi. Deux lectures dans le nom de la marque sont possibles : il lie en effet tout ce qui constitue l’univers amérindien qui est depuis toujours l’une de mes sources d’inspiration – quant au rapport de certains peuples avec la Nature, leur culture portée sur l’essentiel – et tout ce qui appartient au monde de l’Enfant en tant qu’être pur qui aborde la vie de façon aussi simple et naturelle que celles et ceux qui constituent les peuples dont je parlais à l’instant. Ils sont ces petites graines, ces êtres en devenir que nous, adultes, nous nous devons d’accompagner dans leur développement tout en respectant leur rythme et leur corps. C’est pourquoi j’ai voulu que Graine d’Apache soit La marque de vêtements et d’accessoires dédiés aux enfants et adaptés à leurs phases d’apprentissage et à leur besoin de mouvements.

Un bébé qui porte un sarouel créé par Mathilde et un bandana Graine d'Apache assorti.

Graine d’Apache, qu’est-ce qui la fait vibrer ?

Avant tout, évidemment, je répondrai : mon fils ! Il me rappelle, tout comme les enfants en général, ce qu’il y a de plus précieux dans la vie, de plus authentique aussi. C’est pour cela que j’aime par-dessus tous les moments simples que je passe avec lui, l’ensemble de ma famille, et mes amis. Tous ces moments qui me permettent de me sentir vivante et heureuse.

Ensuite, viennent les tissus et les motifs originaux, rigolos, colorés, que je passe beaucoup de temps à chercher et qui, une fois encore, me rappellent le plaisir que j’ai toujours eu à découvrir les illustrations des livres jeunesse que je dévore aujourd’hui avec mon fils. Ces motifs sont pour moi la matérialisation de l’énergie débordante de l’enfant, de sa fantaisie et de toute la malice dont il est capable ! On retrouve dans l’univers de Graine d’Apache des dessins directement issus du monde amérindien, des flèches, des cactus, des ours, des attrape-rêves, etc. J’adore l’idée que les enfants en âge de le faire choisissent leurs tissus avec leurs parents et qu’ils prennent du plaisir à découvrir les matières et textures que j’utilise pour confectionner leurs vêtements et accessoires. J’affectionne particulièrement la gaze, le tissu le plus doux que j’ai trouvé et qui est traditionnellement utilisé pour la confection des langes. Je ne sélectionne presque que des tissus de créateurs afin de proposer à ma clientèle des produits quasiment uniques, que les parents ne retrouveront pas portés par tous les enfants qui les entourent, certifiés Bio ou Oeko-Tex. Je n’utilise pas du Bio parce que c’est tendance, mais parce que pour certaines pièces cela me semble indispensable, comme pour les serviettes de table par exemple que nos petits vont utiliser pour s’essuyer la bouche lors de leurs repas, et parce que je ne veux travailler qu’avec des tissus respectueux de l’environnement et de la santé de chaque personne amenée à le fabriquer ou à le toucher. J’aime que tout fasse sens et c’est ainsi que je pense mes collections et chacun des éléments qui les composent. C’est notamment pour cette raison que mes sarouels sont cousus dans des tissus avec un peu d’élasthanne qui permettra aux Apaches d’être libres de bouger comme ils le souhaitent.

Rendre les pièces les plus évolutives possibles me passionne également. J’accorde bien sûr énormément d’importance au côté écoresponsable que cela confère à mes créations, mais c’est également un réel souhait que ces dernières durent dans le temps. Imaginez alors ma joie lorsque je vois des Apaches de deux ans et demi porter le sarouel qu’ils ont reçu à leur naissance ! C’est évidemment pour moi un gage de qualité et la satisfaction de constater que les motifs qui m’ont fait vibrer amusent toujours les parents et les enfants qui les ont adoptés quelques années auparavant ! Moi qui, jeune maman, ne trouvais pas ce que je voulais pour mon enfant, je permets aujourd’hui à d’autres de s’éclater en habillant leurs petits. De quoi me convaincre de continuer à suivre mon instinct et non les tendances !

Je ne peux pas penser à ce qui me fait vibrer sans évoquer la couture qui est le fondement même de Graine d’Apache. Quelle découverte pour moi ! Jamais je n’aurais pensé un jour en faire mon métier. C’est certes beaucoup de travail et d’entrainement, mais le résultat qu’il est possible d’obtenir relativement rapidement convient parfaitement à mon tempérament, par rapport par exemple au tricot qui demande plus d’heures de maniement d’aiguilles pour obtenir une pièce. Je prends un grand plaisir à coudre les belles matières que je sélectionne, souvent guettée de près par Salem ou Khalissi, mes minettes adorées. Créer me fait me sentir à ma place et en adéquation avec mes valeurs. J’aime tout autant découvrir les créations de celles et ceux que je croise en boutique, sur les marchés, tous ces artistes qui mettent un peu de leur âme dans leurs univers. Je trouve cela très émouvant, ils nous montrent après tout ainsi une part de ce qu’il y a de plus beau en eux. C’est très touchant. Je pense que le créatif, l’artiste, le créateur ont aujourd’hui pour mission de faire rêver petits et grands. Nous avons besoin de ça, de sortir de notre quotidien fait d’inquiétude, de crises, d’actualités parfois très lourdes. Laissons-les nous embarquer et nous apporter un peu de rêve et d’évasion !

Créer les collections fait partie de ce que je préfère ! Je pense autant aux enfants qu’aux parents dans ces moments-là, dans le but, justement, d’apporter une part de rêve à chaque membre de la famille. Faire rêver petits et grands, c’est ça qui guide mes choix ! Et je ne me refuse pas un petit aller-retour dans mes propres souvenirs ! Je vous livre ainsi un petit secret : lorsque sur mes tissus vous retrouvez des épis de maïs, vous plongez dans le souvenir de la petite Mathilde qui fabriquait des poupées avec les épis qu’elle trouvait en jouant dans les champs ! J’adore partir de zéro, m’interroger sur un thème que j’ai envie d’aborder puis passer des heures à chercher des tissus uniques qui, tous mis bout à bout, créeront une collection cohérente, au langage universel. Visualiser, craquer pour un motif, une couleur, bâtir un univers, c’est ça aussi Graine d’Apache.

Une fois la collection créée, le shooting photo est un vrai régal ! Il me permet de mettre en valeur ces motifs que j’aime tant au sein de décors simples et authentiques, fidèles aux valeurs portées par la marque. On me parle souvent d’homogénéité vis-à-vis de Graine d’Apache, et c’est pour moi un très beau compliment. J’aime d’ailleurs ces échanges avec ma clientèle tout autant que les modèles que je crée pour eux. Un des plaisirs de l’artisanat, pour moi, est de discuter avec celles et ceux qui se sentent appelé·e·s par mon univers et qui me demandent une pièce pour leurs têtes blondes. Cibler leurs besoins, trouver le tissu qui va ravir leurs petits bouts fait partie des missions qui m’enchantent également. C’est le privilège que n’a pas la plus grande distribution. Moi, je reçois même des photos et des nouvelles régulières de mes petits Apaches !

Enfin, je ne peux parler de ce qui me fait vibrer sans évoquer la musique. Celles et ceux qui me connaissent seraient surpris·e·s que je ne parle pas d’Hubert-Félix Thiéfaine alors voilà qui est fait ! Mais elle est également présente lorsque je communique sur les réseaux. J’adore trouver la mélodie qui accompagnera les jolis motifs dévoilés dans mes stories, qui collera à l’univers et aux valeurs que je défends. Il est en revanche peu probable que vous me surpreniez à l’atelier à travailler en musique. J’aime au contraire coudre dans le silence en visualisant le petit Apache pour qui je travaille et mettre toutes mes ondes les plus positives dans la création qu’il portera. C’est notamment pour cela que je ne couds que si je me sens bien.

Graine d’Apache, c’est quoi son actu ?

Graine d’Apache déménage et quitte Avanton pour Bourges ! Si quelques créations seront toujours disponibles dans la boutique de créateurs Pièce Unique, située à Saint-Benoït, qui a vu naître Graine d’Apache, je partirai en quête de nouvelles boutiques avec de belles valeurs à Bourges et au sein de mon Auvergne natale ! Les collections en cours restent visibles sur les réseaux en attendant la nouvelle collection qui pointera le bout de son nez en Automne prochain. Il est également possible de se procurer des serviettes de cantine, des bavoirs, des bandanas et des attache-tétines à la Pharmacie du Bec d’Allier de Marzy dans la Nièvre.

Pour découvrir ou redécouvrir Graine d’Apache sur les réseaux, c’est par ici :

Différents accessoires créés et vendus par Graine d'Apache : la serviette de cantine, le bavoir et le sac pour transporter tout le nécessaire

Sous la plume de Servi’Plume #1

Bienvenue dans la nouvelle rubrique de ce blog, Sous la plume de Servi’Plume ! Découvrez chaque mois un·e artiste, un·e passionné·e, une personnalité qui éveille ma curiosité ou qui m’inspire et partez à la découverte de son univers à travers trois questions simples, appelant des réponses authentiques. C’est parti ? C’est la fantastique Rylee qui ouvre le bal !

Rylee posant pour un photographe assise sur un canapé dans une tenue granny
Crédit photo ©Sushiphoto

Rylee, c’est qui ?

« Je suis la maman d’un minus de quatre ans, une quarantenaire king size créative attirée par le domaine artistique depuis son plus jeune âge, qui a pris des chemins plus sages, mais que l’art a fini par rattraper. Après presque dix-huit ans passés dans l’immobilier, la vie m’a menée vers la performance scénique.
Rylee était le prénom d’une de mes chiennes – j’adore les animaux que je considère comme des membres de ma famille à part entière en me contrefichant de ceux qui ne le comprennent pas – avec qui j’ai vécu onze belles années. J’aimais ce blaze original que j’ai emprunté et utilisé pour tous mes réseaux. La Stéphanie plutôt timide que j’étais a su s’épanouir en une Rylee plus fofolle et délurée qui s’est éclatée lors de représentations en mode burlesque décalé. Petit à petit, ces deux personnalités ont fusionné et je suis aujourd’hui authentique à la scène comme à la ville, assumant mes formes, mes projets artistiques et mon rôle de mère selon mes valeurs et ma vision de la vie. »

Rylee, qu’est-ce qui la fait vibrer ?
« Plein de choses ! J’adore créer, inventer, refaire les choses à ma sauce ! Je pense qu’à mes débuts dans la performance scénique, j’avais à cœur d’apporter ma petite pierre à l’édifice dans le combat contre la grossophobie. Nous étions loin alors d’en être à cette vision actuelle du body positive qui commence tout juste à trouver sa place et à un changement de point de vue de la part de la médecine sur l’obésité et ses causes. Alors imaginez ce qu’il en était du « et si on pouvait être gros·se et heureux·se ? » J’ai toujours eu, je crois, en moi ce militantisme que j’ai réussi depuis à incarner au sein de performances scéniques, de séances photos ou que l’on retrouve souvent dans mes illustrations. Bien que cela avance trop lentement à mon goût, je suis contente de voir que les choses évoluent.
Encore une fois j’essaie d’apporter mon pavé à l’ouvrage en l’intégrant dans un autre domaine qui me fait kiffer, la mode ! Mais la mode façon Rylee, une mode libre, authentique et vintage, loin de tous les standards et des modèles imposés tant par l’industrie du luxe que par la fast-fashion. Mon plaisir à moi, qui rejoint mes convictions écologiques et économiques, c’est la seconde main, le vintage, la fripe, et le granny. J’aime chiner des pièces fabriquées dans le passé, les associer entre elles pour créer un nouveau look pétillant et décalé. Non pas pour être décalée. Mais parce que ça fait partie de moi et que ça me fait vibrer ! Depuis toute petite j’écume les brocantes avec mes
parents et le fait d’avoir grossi sur le tard m’a appris à chercher d’autres façons de m’habiller. J’ai découvert l’e-bay anglais et ai tout de suite aimé associer des pièces originales qui, une fois portée, me procuraient un énorme kiff. Les bananes et les crocs font partie intégrante de ma garde-robe préférée.
Ce sont ces expériences qui m’ont conduite à proposer mes propres drops sur Instagram. Un drop est une petite collection qui présente de l’unique sur un thème donné. Pour le moment j’en ai proposé deux, un drop robes de mamie et un autre inspiré par le dessin animé Tous en scène. Ces univers colorés, kitchs et qui ne demandent qu’à être dépoussiérés me passionnent. Et une chose me tient vraiment à cœur : chiner du grande taille pour permettre aux king sizes women de s’habiller avec style et originalité. On ne se refait pas ! Le drop me passionne, il me permet d’allier tout ce que j’aime : le vintage, mon engagement pour la seconde main et contre la grossophobie, la créativité, les fringues. Je m’éclate ! Mais c’est un domaine dans lequel percer prend du temps. Je suis cependant persuadée qu’il représente une super alternative à la fast-fashion à cause de laquelle tout le monde est habillé pareil, qui pique ses idées à droite et à gauche sans rien créer et qui propose certes de la grande taille, mais de mauvaise qualité. Mes robes de mamie, elles, sont toujours intactes après quarante, cinquante, voire soixante ans d’existence. Si ça, ce n’est pas un gage de qualité !
Mes nombreux tatouages sont également une façon d’exprimer ce qui me fait vibrer. Toute mon histoire est symboliquement encrée sur ma peau et mon bras gauche est entièrement dédié à mon fils. C’est à seize ans que j’ai rencontré un bel anglais, mon premier love, grâce à qui je suis tombée amoureuse des Anglais et des tatoos. À dix-huit ans, je séchais les cours pour faire faire mon premier microtatouage. Chaque moment important de mon existence a ensuite donné lieu au même rituel.
Cet univers et ces passions qui me définissent sont aussi porteurs de valeurs qu’il est important pour moi de transmettre à mon fils. Avec lui, je dois bien avouer que je m’éclate également ! Je le look à l’envi, sans jamais tenir compte d’un style ou d’un genre. Je vois une pièce, je la prends, peu importe qu’elle soit classique, vintage, estampillée fille ou garçon. J’imagine immédiatement avec quoi l’associer et je m’amuse ensuite à accessoiriser l’ensemble. Et puis j’essaie de nous accorder l’un l’autre niveau couleurs. Du haut de ses quatre ans, il adore ça et les séances photos qui suivent. Et puis papa aime l’habiller aussi, dans un style plus urbain-métal qui lui va bien également. Je lui apprends l’acceptation de la différence. Souffrant de handicaps invisibles, je suis à même de lui transmettre certaines valeurs. J’aime à penser que je le sensibilise également à l’écologie et à la tolérance envers les personnes LGBTQ+. Et comme on habite en ZEP, ses amis sont originaires des quatre coins du monde et on adore ça.
J’ai toujours aimé créer et c’est grâce à des cours du soir à l’école Boulle que j’ai pu apprendre à fabriquer des bijoux et accessoires de tête. Si cela n’est plus d’actualité, j’ai adoré cette activité. C’est le même plaisir que je ressens aujourd’hui lorsque je me plonge dans mes illustrations. Oui je suis rêveuse, mais ne vous fiez pas aux apparences, je ne suis capable de rien si je ne travaille pas devant un bon film d’horreur ! »

Rylee, c’est quoi son actu ?
« Continuer à proposer des drops funs et accessibles aux grandes tailles. Toujours de seconde main et pourquoi pas inspirés d’autres dessins animés… J’aime leurs univers colorés, ça me va bien. J’ai également l’intention de rester libre. Je suis telle que je suis, je veux sortir et faire ce que je veux tel que je suis. Je suis en effet, comme tout à chacun, bien plus qu’un corps (non normé). Je n’ai pas à assumer ma façon d’être, ni de paraitre, je suis comme ça. Je suis moi. Je vais continuer à militer contre la grossophobie à ma façon, en mettant l’art au service de la cause. Je ne veux rien imposer, je veux juste montrer qu’être gros·se et heureux·se, c’est possible.
Je vais bien sûr continuer l’illustration. Et peut-être même me lancer dans celles pour enfants. J’ai récemment créé des affiches pour l’école de mon fils et devinez quoi ? J’ai adoré !
Et vous n’êtes pas à l’abri de me retrouver sur des séries de photos artistiques et engagées ! »

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